HomeEn françaisTwo Poems by Oswald Durand | Deux poèmes d’Oswald Durand

Oswald Durand: Two poems from the 1896 collection ‘Rires et Pleurs’

 English | French

Oswald Durand photo from the archives of the Centre International de Documentation et d’Information Haïtienne, Caraïbéenne et Afro-canadienne (CIDIHCA), D.R.

Le chanteur des rues

“Puisque c’est ton métier, misérable poète” (A. de Musset)

Puisque c’est ton sort, chanteur misérable,
D’amuser la foule avec tes chansons;
Puisque pour ton coeur rien n’est préférable
Aux joyeux oiseaux de nos verts buissons
Puisque les heureux, ceux que la fortune
Couvre de ses dons, convie a ses jeux,
Ecoutent parfois ta voix importune,
–Soupir de la brise ou vent orageux;–
Puisque du balcon où ta chanson quête
Leurs bravos flatteurs, il tombe parfois
Quelques maigres sous, — tend-leur ta casquette!
Chante, donc ami de l’oiseau des bois!

Dédicace

À M. Demesvar-Delorme, à Paris

Votre élève d’hier, aujourd’hui vous convie
À faire un bon accueil a ses Rires et Pleurs;
À les prendre en pitié, quoique dans votre vie,
Les rires aient souvent fui devant les douleurs.

J’ai chanté nos oiseaux, nos fertiles campagnes,
Et les grappes de fruits courbant nos bananiers,
Et le campêche en fleurs parfumant nos montagnes,
Et les grands éventails de nos verts lataniers.

J’ai chanté notre plage où la vague se brise
Sur les pieds tortueux du raisinier des mers;
Nos sveltes cocotiers, qui prêtent à la brise
Des sons purs qu’elle mêle au bruit des flots amers.

Puis, la joie et l’amour, aux radieux visages,
Avant devant mes yeux fait luire leur beauté,
Je faillis oublier — nous sommes si peu sages! —
Qu’il fallait s’éveiller dans la réalité.

À quel autre qu’à vous dédirais-je ce livre,
Oiseau de notre sphère, a votre souffle éclos
Ces pages qu’au lecteur insouciant je livre,
Comme le ruisselet aux mers livre ses flots?

À quel autre qu’à vous qui fûtes notre maître,
Et, plus tard, notre guide et notre conseiller,
À quel autre qu’à vous qui les avez fait naître,
Dedirais-je ces vers que d’autres vont railler?

Sur la plage où du flot on suit les folles danses,
Quand vous alliez rêver un volume à la main,
Du chantre de Milly les douces “Confidences”
Vous inspiraient des chants redits le lendemain.

Et, tandis qu’à vingt ans, en lisant Lamartine,
Dans votre coeur, pour lui, naissait l’amour sacré,
Malgre nos dix printemps, dans notre âme enfantine,
Votre nom grandissait de prestige entouré

Enfant, nous ecoutions, l’âme sereine et gaie,
En sons harmonieux votre coeur s’épancher;
Ces vers que, maintenant, notre lèvre bégaie.
Pour vous dire merci, vont bien loin vous chercher.

Journaliste, tribun, puis chantre de nos gloires:
Ignace Nau, Milscent, Boisrond, Coriolan.
Votre nom est resté dans toutes les memories,
Tous les coeurs, vers le vôtre, ont pris un noble élan.

Les flots vous poussent loin de la rive chérie,
Mais de nos coeurs, ami, rien ne peut vous bannir.
Je fous offre ce livre, écho de la patrie,
Dont l’exil rend encor plus cher le souvenir.

Ne vous étonnez pas si, jusqu’en cette France
Où votre nef s’endort loin des vents querelleurs,
Compartiote aimé, grandi par la souffrance,
J’ose vous egaiyer de mes Rires et Pleurs.

Oswald Durand was born in Cap-Haitien in 1840. He lost his parents in the 1842 earthquake and was raised by his grandmother in Ouanaminthe. His formal education ended after two years of secondary school (junior high), and he was largely self-educated. Durand labored as a tin smith until Demesvar Delorme encouraged him to submit his poetry to newspapers. Durand spent a while in prison in 1883 but thereafter served as a Member of Parliament for six consecutive terms.  Later he worked as the publisher of the country’s main newspaper Le Moniteur and a satirical review Les Bigailles. He received a state funeral upon his death in 1906 after being honored for a year with a pension from the Haitian government.

Sources: Oswald Durand, Rires et Pleurs, Imprimerie de E. Crété (1896) | Amy Reinsel Poetry of revolution: Romanticism and national projects in nineteenth century Haiti, University of Pittsburgh Doctoral Dissertation (2008), pp. 280-281 and 292. | Verity Smith, Editor, The Encyclopedia of Latin American Literature, Taylor & Francis (1997), pp. 274-276.

Deux poèmes du receuil ‘Rires et Pleurs’ (1896)

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Oswald Durand

anglais | français

Oswald Durand photo des archives du Centre International de Documentation et d’Information Haïtienne, Caraïbéenne et Afro-canadienne (CIDIHCA), D.R.

Le chanteur des rues

“Puisque c’est ton métier, misérable poète” (A. de Musset)

Puisque c’est ton sort, chanteur misérable,
D’amuser la foule avec tes chansons;
Puisque pour ton coeur rien n’est préférable
Aux joyeux oiseaus de nos verts buissons
Puisque les heureux, ceux que la fortune
Couvre de ses dons, convie a ses jeux,
Ecoutent parfois ta voix importune,
–Soupir de la brise ou vent orageux;–
Puisque du balcon ou to chanson quete
Leurs bravos flatteurs, il tombe parfois
Quelques maigres sous, — tend-leur ta casquette!
Change, donc ami de l’oiseau des bois!

Dédicace

A M. Demesvar-Delorme, a Paris

Par Oswald Durand

Votre éleve d’hier, aujourd’hui vous convie
A faire un bon accueil a ses Rires et Pleurs;
A les prendre en pitié, quoique dans votre vie,
Les rires aient souvent fui devant les douleurs.

J’ai chanté nos oiseaux, nos fertiles campagnes,
Et les grapopes de fruits courbant nos bananiers,
Et le campeche en fleurs parfumant nos montagnes,
Et les grands eventails de nos verts lataniers.

J’ai chanté notre plage ou la vague se brise
Sur les pieds tortueux du raisinier des mers;
Nos sveltes cocotiers, qui pretent a la brise
Des sons purs qu’elle mele au bruit des flots amers.

Puis, la joie et l’amour, aux radieux visages,
Avant devant mes yeux fait luire leur beauté,
Je faillis oublier — nous sommes si peu sages! —
Qu’il fallait s’eveiller dans la réalité.

A quel autre qu’a vous dedirais-je ce livre,
Oiseau de notre sphere, a votre souffle éclos
Ces pages qu’au lecteur insouciant je livre,
Comme le ruisselet aux mers livre ses flots?

A quel autre qu’a vous qui futes notre maître,
Et, plus tard, notre guide et notre conseiller,
A quel autre qu’a vous qui les avez fait naître,
Dedirais-je ces vers que d’autres vont railler?

Sur la plage ou du flot on suit les folles danses,
Quand vous alliez rever un volume a la main,
Du chantre de Milly les douces “Confidences”
Vous inspiraient des chants redits le lendemain.

Et, tandis qu’a ving ans, en lisant Lamartine,
Dans votre coeur, pour lu, naissait l’amour sacré,
Malgre nos dix printemps, dans notre ame enfantine,
Votre nom grandissait de prestige entouré

Enfant, nous ecoutions, l’ame sereine et gaie,
En sons harmonieux votre coeur s’epancher;
Ces vers que, maintenant, notre levre bégaie.
Pour vous dire merci, vont bien loin vous chercher.

Journaliste, tribun, pus chantre de nos gloires:
Ignace Nau, Milscent, Boisrond, Coriolan.
Votre nom est resté dans toutes les memories,
Tous les coeurs, vers le votre, ont pris un noble élan.

Les flots vous poussent loin de la rive chérie,
Mais de nos coeurs, ami, rien ne peut vous bannir.
Je fous offre ce livre, écho de la patrie,
Dont l’exil rend encor plus cher le souvenir.

Ne vous etonnez pas si, jusqu’en cette France
Ou votre nef s’endort loin des vents querelleurs,
Compartiote aimé, grandi par la souffrance,
J’ose vous egaiyer mes Rires et Pleurs.

Oswald Durand est né au Cap-Haïtien en 1840. Il perdit ses parents dans le tremblement de terre de 1842 et fut élevé par sa grand-mère à Ouanaminthe. Son éducation terminée après deux ans d’école secondaire, il était largement autodidacte. Durand travaillait comme forgeron d’étain jusqu’au jour où Demesvar Delorme l’a encouragé à soumettre sa poésie aux journaux. Durand, peu après son emprisonnement en 1883, fut élu membre du Parlement.  Il servit son pays pendant six mandats consécutifs. Ensuite il a travaillé comme éditeur du journal principal du pays, Le Moniteur, et une revue, Les Bigailles. Après avoir été honoré par une année de pension du gouvernement haïtien, à sa mort en 1906, il a reçu des funérailles nationales.

Origines: Oswald Durand, Rires et Pleurs, Imprimerie de E. Crété (1896) | Amy Reinsel Poetry of revolution: Romanticism and national projects in nineteenth century Haiti, Université de Pittsburgh, thèse de doctorat (2008), pp. 280-281 and 292. | Verity Smith, éditeur, The Encyclopedia of Latin American Literature, Taylor & Francis (1997), pp. 274-276.

About Dady Chery

Dr. Dady Chery is a Haitian-born poet, playwright, journalist and scientist. She is the author of the book "We Have Dared to Be Free: Haiti's Struggle Against Occupation." Her broad interests encompass science, culture, and human rights. She writes extensively about Haiti and world issues such as climate change and social justice. Her many contributions to Haitian news include the first proposal that Haiti’s cholera had been imported by the UN, and the first story that described Haiti’s mineral wealth for a popular audience.


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